Par Sandrine Morel(Barcelone, envoyée spéciale, )
Publié le 04 octobre 2022 à 10h37 Mis à jour le 04 octobre 2022 à 18h11

https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/04/cinq-ans-apres-le-referendum-d-autodetermination-le-mouvement-independantiste-catalan-se-fragmente_6144317_3210.html
« Fora ! Fora ! », « Dehors ! Dehors ! » Bien qu'elle ait passé plus de trois ans en prison pour « sédition », du fait de sa participation à la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017, c'est avec des insultes que les indépendantistes accueillent l'ancienne présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, tandis qu'elle monte sur la scène installée sous l'Arc de triomphe de Barcelone, samedi 1er octobre. « Traidora ! », « traîtresse ! » Les cris continuent lorsqu'elle prend la parole pour commémorer les cinq ans du référendum, jugé illégal par Madrid, qui avait vu près de deux millions de Catalans braver l'interdiction de voter et la police espagnole pour déposer dans des urnes un bulletin en faveur de l'indépendance de la Catalogne.
« Le 1er octobre [2017], nous avons vaincu l'Etat [espagnol], nous avons fait l'acte de désobéissance civile le plus important depuis la guerre civile et l'acte de souveraineté le plus important de ces trois cents dernières années », lance sous des huées croissantes cette ancienne enseignante de 67 ans, militante de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), libérée de prison en 2021 à la faveur d'une grâce du gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez. Les sifflets finissent par couvrir totalement sa voix, l'obligeant à céder prématurément sa place.
En images et en vidéos (2017) : Référendum sur l'indépendance en Catalogne : le oui l'emporte dans un climat de violence
« La Forcadell se permet de donner des leçons alors qu'elle a cédé au chantage de l'Etat. Elle s'est rendue à la justice en échange d'un petit passage en prison. Elle n'a pas compris ce qu'est une révolution. Il fallait aller jusqu'au bout, quitte à appliquer la méthode corse : les bombes et les balles. Les politiques sont tous des traîtres qui ne pensent qu'à leur paie », lâche au milieu d'une foule déçue Salvador, 39 ans, casquette sur la tête, dans un mélange de catalan et d'anglais – tout plutôt que le castillan. « D'accord, mais on s'est tous dégonflés et on est rentrés chez nous sans rien dire, moi le premier », intervient un autre manifestant, Josep, 70 ans.