Par Isabelle Piquer(Madrid, correspondance)
Publié le 13 août 2022 à 12h00
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[f=rgba(1,65,145,0.4)]Un puit à Lucena del Puerto, dans la province de Huelva, en Espagne, le 5 mars 2020. CRISTINA QUICLER / AFPLeur existence n'est un secret pour personne. En 2006, selon les dernières données officielles, le nombre de puits illégaux en Espagne était estimé à près de 510 000. « Ils seraient en réalité plus d'un million », [f=rgba(1,65,145,0.4)]affirme Julio Barea, [f=rgba(1,65,145,0.4)]responsable de la gestion de l'eau de Greenpeace.
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Ces puits, qui entraînent la contamination des nappes phréatiques, se trouvent surtout près des zones d'agriculture intensive, notamment en Andalousie, dans la région de Murcie, et dans les lieux touristiques. « Voler de l'eau est l'un des crimes contre l'environnement les plus commis en Espagne mais il est paradoxalement très peu poursuivi, explique M. Barea. L'extraction illégale est pourtant passible de fortes amendes et même de peines de prison, qui peuvent aller de six mois à cinq ans, mais le manque de moyens pour engager des poursuites contribue à l'impunité des voleurs. »
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La situation est d'autant plus dramatique que « l'Espagne s'est installée officiellement dans la sécheresse » titrait sur sa « une » le quotidien El Pais, mercredi 10 août. D'après les derniers chiffres du ministère de la transition écologique espagnol, le niveau des réserves d'eau est tombé à 39,2 %, une première depuis 1995. La canicule et les faibles précipitations – il y a eu 26 % de pluie en moins que la normale depuis le mois d'octobre – ont aggravé la pénurie, et aucune amélioration n'est en vue. Des restrictions sont déjà en place dans certaines municipalités de Galice, Catalogne, Andalousie, Estrémadure, Castille-et-Léon, en Navarre, et même au Pays basque.
« Effets pervers »
La sécheresse en Espagne n'est pas un phénomène nouveau, mais elle s'aggrave un peu plus d'année en année. Dans un rapport publié en 2021, le gouvernement dressait un bilan assez accablant de la situation hydrologique du pays. Il soulignait notamment que 22 millions d'Espagnols (un peu moins de la moitié de la population) vivent actuellement dans des régions où la consommation d'eau dépasse les ressources disponibles, dont 3,3 millions dans des zones de stress hydrique grave, « une situation que la plupart des citoyens ne connaissent pas ». L'analyse pointait également le fait que 40 % des eaux de surface et 45 % des eaux souterraines sont en partie polluées, et que « les rivières espagnoles ont moins d'eau aujourd'hui qu'il y a quarante ans ».
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Pourquoi, dans ces conditions, ne pas lutter plus activement contre les puits illégaux ? « En Espagne, la gestion de l'eau, dont le but, dans un premier temps, était de créer de grandes infrastructures hydrauliques, n'est pas adaptée au défi climatique », estime Estanislao Arana, directeur du Forum sur l'économie de l'eau, un centre d'analyse qui dépend de l'université d'Alcalá de Henares, près de Madrid. « De plus, ni le gouvernement central, qui gère les bassins des grands fleuves sur la péninsule, ni les régions n'ont véritablement les moyens de s'attaquer au problème. »
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